Le projet rama s’est inscrit dès le départ dans la situation sociopolitique des communautés indigènes du Nicaragua. Il a été un terrain de découverte de la réalité d’une langue extrêmement menacée qu’une population très minorisée décide un jour de revitaliser. Le défi, qui semblait impossible à relever il y a 25 ans, aboutit aujourd’hui à un ambitieux projet de revitalisation orchestré par le nouveau gouvernement rama. Il doit tout à une locutrice rama visionnaire décidée à ne pas laisser disparaître la langue à jamais.
Projet de Linguistes pour le Nicaragua du CIDCA (Centre d’Investigation et de Documentation de la Côte Atlantique). Linguiste responsable Colette CRAIG de l’Université d’Oregon. On disait (et il se dit toujours!) qu’il n’y avait plus que 3 vieux locuteurs du rama. Un recensement des derniers locuteurs de 1987 révèle plus de 50 locuteurs dont plus de 30 natifs, mais ils vivent isolés dans la jungle, et seront inaccessibles jusqu’à la fin de la guerre des Contras.
« Miss Nora » mène la revitalisation, inventant des activités, demandant du matériel et décidant d’aller enseigner la langue aux enfants de maternelle de l’île. Elle le fera pendant 10 ans.
A sa mort en 2001, Walter reprend le flambeau, Il enseigne encore aujourd’hui à Rama Cay.
La fin de la guerre des Contras permet une première visite en 1993 à des monolingues isolés, qui seront Interviewés par Miss Nora et Walter, impatients de les consulter… mais aucunes données nouvelles ne viendront compléter la description grammaticale ou le dictionnaire.
Les ramas demandent le retour de la linguiste, maintenant Colette Grinevald du DDL de Lyon2, pour aider dans le processus de revitalisation de la langue et culture rama, dans le contexte de leurs demandes officielles pour la reconnaissance de la démarcation de leur territoire traditionnel menacé.
Sous l’égide du programme IPILC pour les langues et cultures de la Côte de la nouvelle université autonome régionale URACCAN, en coordination avec le GTRK.
Ateliers à URACCAN, Bluefields :
Équipe linguistique : Colette Grinevald (resp) Barbara Assadi Maricela Kauffmann
1987 Relational Preverbs in some Languages of the Americas: typological and historical perspectives. Language, 64-2, pp. 57-78. (avec K. Hale). 1988A Grammar of Rama. Report to NSF, Reference Grammar for WALS
1991 Ways to go in Rama: a case study in polygrammaticalization, in E. Traugott & B. Heine (Eds.). Approaches to Grammaticalization, Vol. II, Benjamins, Amsterdam, pp. 455-492
1992a A constitutional response to language endangerment: the case of Nicaragua, Language 68-1, pp. 11-16
1992b Miss Nora, rescuer of the Rama language: A story of power and empowerment, in Kira Hall, Mary Bucholtz, and Birch Moonwomon (Eds.), Vol. 1: Locating Power,Proceedings of the Second Berkeley Women and Language Conference, Berkeley, pp. 80-89
1993 Language Shift and Language Death: The case of Rama in Nicaragua, International Journal of the Sociology of Language.93 (1992), pp. 11-26
2006 Why the Tiger language and not Rama Cay Creole? Language revitalization made harder. in P. Austin (ed) . Language contact and variation in language documentation. Londres: HRELP SOAS. pp. 196-224
2007a Endangered Languages of Mexico and Central America. In Language Diversity Endangered M.Brenzinger (Ed.), Mouton de Gruyter. pp. 59-86
2007b Encounters at the brink: linguistic fieldwork among speakers of endangered languages. In The Vanishing Languages of the Pacific Rim. Chapter 3. Osahito Miyaoka, Osamu Sakiyama, and Michael E. Krauss (eds.). Oxford: Oxford University Press. pp. 36-76